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Momand, 20 ans, exilé afghan, passera l’hiver au chaud


Crédits Photo: Mister Kha « Il y a trois jours je dormais dans un parc. Aujourd'hui je suis au chaud ». En réponse à la pénurie d'hébergement pérenne en Île-de-France, la mairie de Paris ouvre un nouveau centre d'accueil à Montparnasse, géré par Emmaüs. Lit, douche, repas chauds et suivi médical... une centaine de demandeurs d'asile et grands précaires y trouvent refuge jusqu'à la fin de l'hiver. Reportage.

27.12.2010

« Il y a trois jours je dormais dans un parc, aujourd’hui je suis au chaud ». Le soulagement est visible sur le visage de Momand, jeune afghan d’une vingtaine d’années. Comme une centaine d’autres personnes, demandeurs d’asiles ou démunis, il passera Noël au nouveau centre d’hébergement d’urgence de Montparnasse et y restera jusqu’à la fin de l’hiver.

Aménagé dans un ancien bâtiment de l’armée à l’initiative de la ville de Paris, le centre a été inauguré il y a quelques jours par l’adjointe au Maire, chargée de la solidarité, de la famille et de la lutte contre l’exclusion, Olga Trostiansky. Aujourd’hui, les exilés manquent de places en Cada et ont peu accès à l’offre d’hébergement de droit commun. Le centre ouvre en réponse à la répartition déséquilibrée des places en ÎDF, Paris concentrant plus de 60% de l’offre régionale d’hébergement sur son territoire.

Géré par Emmaüs, le centre accueille 87 hommes et 13 femmes, à qui un étage entier est réservé. Le centre est ouvert depuis quelques nuits. Ici, on est encore dans les cartons. Marc Ryschenkow, responsable du Kiosque assure les finitions en arrivant ce soir-là les bras chargés d’ampoules et de lampes. Avec Véronique Otchoumou, reponsable du Centre et coordinatrice des maraudes d’intervention sociale d’Emmaüs sur le Nord Parisien, ils veillent à ce que tout soit prêt pour 17 heures.

A partir de 17 heures, les premiers hébergés arrivent. Tous ont été orientés par le 115, ou grâce aux maraudes d’Emmaüs et du Kiosque.

Dans le hall, les visages accusent la fatigue : « Les demandeurs d’asile afghans et érythréens qui se présentent ici sont souvent de jeunes hommes robustes. Mais ils arrivent épuisés par un voyage qui a parfois duré plusieurs années ». « Quand ils arrivent ici, ils sont épuisés, confirme Mimoune, agent d’accueil chez Emmaüs. Même si physiquement ils ont l’air bien, psychologiquement ils ont beaucoup souffert ».

Le centre permet de souffler quelques temps et de régler les problèmes élémentaires de survie. « Ici je peux laisser mes affaires, j’ai ma chambre et mon lit » explique Momand. Ils gardent avec eux leurs papiers et les choses de valeurs mais le fait de laisser un sac ici leur permet de gagner un peu de mobilité et d’avoir l’esprit plus libre », renchérit Véronique Otchoumou.

A son arrivé, Momand s’est vu attribué une chambre qu’il partage avec deux personnes : le mobilier est sommaire mais les hauts plafonds et fenêtres en font un endroit spacieux. Il peut prendre une douche. Se détendre dans la salle commune en attendant le dîner au réfectoire. Deux permanences médicales hebdomadaires de Médecins sans Frontières sont assurées en cas de besoin, ainsi qu’un suivi social, pour aider à faire avancer les dossiers de demandes d’asile.

 » Les soldats français nous parlaient souvent de la France alors j’ai tenté ma chance « .

Momand s’apprête à passer sa troisième nuit au centre. Il a beau être extrêmement souriant et avenant, son regard part dans le vague dès qu’il évoque son passé. Son parcours ressemble à celui de Nagib, 16 ans (Voir la vidéo) et à celui de beaucoup de ses compatriotes. Ses parents sont tués alors qu’il n’a que 18 ans. Il décide de quitter seul l’Afghanistan pour échapper à la guerre et aux Talibans.

 » Les soldats français nous parlaient souvent de la France alors j’ai tenté ma chance « . Momand est en France depuis un an et a mis autant de temps avant d’atteindre Paris. Lors de son périple, il a subi des violences quasi quotidiennes :
« J’ai traversé le Pakistan, l’Iran, la Turquie, la Grèce et l’Italie ». Le voyage lui a coûté 9000 euros pour payer les passeurs.

A son arrivée, il dort pendant plusieurs mois dans un parc près de la Gare de l’Est. Puis il est recueilli par l’association France Terre d’Asile. Faute de solution pérenne il enchaîne les centres d’hébergement d’urgence et les séjours dans la rue. Aujourd’hui, ses compagnons d’infortune lui conseillent de partir en Angleterre, mais le jeune homme souhaite rester à Paris :
« J’espère pouvoir faire ma vie ici et trouver un travail ». En attendant, Momand vit au jour le jour. Pour l’heure, la seule chose qui compte, c’est qu’il passera le week-end de Noël au chaud au centre Montparnasse.

Source Paris.fr

Véronique Otchoumou – Emmaüs Paris by Parisnumerique